À partir de demain, le 1er janvier 2026, le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (CBAM) de l'Union européenne, tant discuté, entre pleinement en vigueur. Plus qu’un simple outil pour réduire les émissions de l’Europe, il est conçu pour inciter ses partenaires commerciaux – de l’Asie à l’Amérique latine et au-delà – à enfin imposer un prix à la pollution.
Alors, qu'est-ce que le CBAM ? En essence, il aligne les coûts aux frontières avec le système d’échange de quotas d’émission interne de l’UE. Si vous importez des produits intensifs en carbone comme l’acier, l’aluminium ou les engrais en Europe, vous devrez déclarer le CO₂ intégré et payer une taxe si vos émissions dépassent les seuils de l’UE.
Les critiques dénoncent vigoureusement que Bruxelles protège simplement ses propres fabricants. Mais les responsables de l’UE soutiennent le contraire : les pays peuvent éviter les frais supplémentaires en adoptant un prix carbone équivalent chez eux, faisant du CBAM un catalyseur pour des politiques plus vertes dans le monde entier.
"Fixer un prix au carbone est quelque chose que nous devons poursuivre avec autant de partenaires que possible, et le plus rapidement possible," a insisté Wopke Hoekstra, le commissaire européen au climat, lors des négociations climatiques de haut niveau des Nations Unies au Brésil en novembre dernier.
Le CBAM a-t-il déjà eu un impact ? Selon Aurora D’Aprile de l’Association internationale du commerce des émissions, on constate un changement clair au cours de l’année écoulée. De grandes économies comme la Chine ont élargi leurs systèmes de tarification du carbone, et la Turquie a finalement lancé son très attendu système de commerce des émissions.
Pendant ce temps en Asie, le Japon a spécifiquement évoqué le CBAM lorsqu’il a avancé dans l’élaboration de ses propres règles sur le carbone, note Nicolas Berghmans, chercheur en climat et énergie à l’IDDRI à Paris. Et de l’autre côté de l’Atlantique, le Royaume-Uni et le Canada envisagent des mécanismes similaires inspirés de l’approche européenne.
L’avocat spécialisé en commerce Marios Tokas du cabinet bruxellois Cassidy Levy Kent ajoute que, bien que le CBAM ne soit pas le seul moteur, la taille même du marché européen a intensifié l’urgence pour les pays du monde entier d’agir sur la tarification du carbone.
Alors que nous nous dirigeons vers 2026, la taxe aux frontières européenne pourrait bien être plus qu'une politique régionale – elle pourrait déclencher une nouvelle vague d'action climatique mondiale, incitant les gouvernements partout à faire payer la pollution.
Reference(s):
Europe wanted its carbon border tax to go global. Is it working?
cgtn.com




