Le Danemark convoque l’ambassadeur américain au sujet de l’envoyé de Trump au Groenland

Plus tôt cette semaine, le ministre danois des Affaires étrangères Lars Løkke Rasmussen a provoqué une agitation en convoquant l'ambassadeur des États-Unis à Copenhague. Son message était clair : les États-Unis doivent respecter l'intégrité territoriale du Royaume du Danemark.

La cause de ce mouvement diplomatique a été la nomination surprise du président Trump du gouverneur de la Louisiane Jeff Landry en tant qu'envoyé spécial de Washington au Groenland. Sur X, Landry a remercié le président pour l"honneur de vous servir en tant que volontaire pour faire du Groenland une partie des États-Unis," tout en insistant sur le fait que son nouveau rôle "n'affecte en rien" ses fonctions en Louisiane.

Cette déclaration frappante n'a pas été bien reçue à Copenhague ni à Nuuk. La Première ministre danoise Mette Frederiksen et le Premier ministre groenlandais Jens-Frederik Nielsen ont publié une déclaration commune affirmant que "vous ne pouvez pas annexer d'autres pays. Le Groenland appartient aux Groenlandais, et les États-Unis ne devraient pas prendre le contrôle du Groenland. Nous attendons du respect pour notre intégrité territoriale commune."

Le ministre des Affaires étrangères Rasmussen a fait écho à cette position dans une déclaration écrite à DR : bien que cette nomination montre l’intérêt continu des Américains pour l’Arctique, "tout le monde, y compris les États-Unis, doit montrer du respect pour l’intégrité territoriale du Royaume du Danemark." Convoquer l’ambassadeur américain Kenneth Howery vise à souligner ce point.

Depuis son entrée en fonction, le président Trump a exprimé à plusieurs reprises son désir de placer le Groenland sous contrôle américain, suggérant même "la coercition militaire ou économique" pour y parvenir. Mais la réalité sur le terrain est bien différente. Le Groenland, ancienne colonie danoise, fait partie intégrante du Royaume du Danemark depuis 1953 et a obtenu l’autonomie en 1979. Copenhague gère toujours ses affaires étrangères, sa politique de défense et de sécurité, ainsi que ses affaires monétaires et judiciaires.

Économiquement, le Groenland dépend des subventions de Copenhague—équivalent à environ un cinquième de son PIB—et de son industrie de la pêche. Et selon un sondage de janvier réalisé par Sermitsiaq, 85 % des habitants du Groenland s’opposent à rejoindre les États-Unis, avec seulement 6 % en faveur.

Alors que la géopolitique de l’Arctique s’intensifie, cet épisode met en lumière l’équilibre délicat entre les souhaits locaux, les liens historiques et les ambitions des grandes puissances au sommet du monde.

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