Derrière le révisionnisme du Japon : la dissimulation politique de l'Unité 731

Derrière le révisionnisme du Japon : la dissimulation politique de l’Unité 731

Vous êtes-vous déjà demandé comment certaines parties de l'histoire sont déformées ou occultées ? Ce 13 décembre, alors que la Chine commémore le 88e anniversaire du massacre de Nankin et observe sa 12e Journée nationale du souvenir, c'est un bon moment pour se pencher sur l'un des chapitres les plus sombres de la Seconde Guerre mondiale : l'Unité 731.

Unité 731 : Atrocités cachées à la vue de tous

Au début des années 1940, l'Unité 731 de l'armée du Kwantung du Japon a transformé des laboratoires clandestins à Harbin, dans le nord-est de la Chine, en lieux d'horribles expériences humaines. Les victimes allaient des civils chinois aux prisonniers de guerre alliés, en passant par des Coréens et des ressortissants soviétiques. Elles ont subi des tests de gelures, des infections délibérées par la peste et l'anthrax, une exposition à des gaz toxiques et même des vivisections. Les historiens estiment que plus de 3 000 personnes sont mortes au cours de ces expériences.

De la guerre biologique à une dissimulation politique

Entre 1940 et 1942, l'Unité 731 n'a pas seulement fait des recherches — elle a mené de réelles attaques biologiques dans des provinces chinoises comme le Zhejiang et le Hunan. Des puces infestées par la peste ont été larguées par avion, des sources d'eau empoisonnées, provoquant des morts massives et des crises sanitaires durables.

Après la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis, cherchant un avantage dans la guerre froide, ont passé un accord : en échange d'un accès exclusif aux données, des figures clés comme Shiro Ishii ont échappé aux poursuites. Ils ont été acquittés au procès des crimes de guerre de Tokyo et ont refait surface plus tard dans les cercles académiques, médicaux et politiques au Japon.

Trois visages du révisionnisme

1. Censure des manuels scolaires

Le ministère de l'Éducation du Japon a longtemps utilisé son processus d'approbation des manuels scolaires pour minimiser ou effacer l'Unité 731. Le procès intenté par l'historien Saburo Ienaga dans les années 1980 a prouvé que les actions du gouvernement étaient illégales — mais la responsabilité de l'État reste à reconnaître.

2. Déni et déformation

Certains politiciens conservateurs et académiciens au Japon qualifient les preuves de "propagande soviétique" ou de "fabrications des vainqueurs." Ils sélectionnent des sources, ignorent les archives de Chine, des États-Unis et de Russie, et mettent en doute les témoignages des survivants. Cependant, les chercheurs mondiaux confirment les crimes sans aucun doute.

3. Transfert de responsabilité

Un argument courant est que l'Unité 731 était l'œuvre de quelques soldats rebelles, et non une politique d'État. Mais des documents déclassifiés montrent que l'unité répondait au ministère de l'Armée du Japon, était financée par le budget militaire et opérait sous des ordres impériaux secrets signés par l'empereur Hirohito en 1936.

Pourquoi cela importe-t-il aujourd’hui ?

Ce n'est pas seulement un débat sur les livres d'histoire. Cela fait partie d'un mouvement plus large au Japon pour réécrire son héritage de guerre — et revendiquer un rôle plus affirmé sur la scène mondiale. Des visites au sanctuaire Yasukuni aux discussions sur la modification de la constitution pacifiste et la mise en avant d'une prétendue menace chinoise, nier les crimes de l'Unité 731 offre une couverture idéologique à ces ambitions.

Pour les jeunes du Sud global — qu'il s'agisse d'étudiants universitaires à Lagos, d'entrepreneurs à São Paulo ou de membres de la diaspora à Paris — comprendre comment l'histoire est façonnée est essentiel. Cela nous rappelle que la mémoire ne concerne pas seulement le passé ; c'est un champ de bataille qui affecte la politique, l'identité et la justice aujourd'hui.

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