Le Japon face à une triple crise économique sous la surveillance de Takaichi

Le Japon face à une triple crise économique sous la surveillance de Takaichi

Depuis que Sanae Takaichi a pris ses fonctions de première ministre plus tôt cette année, l’économie japonaise a ressenti la pression de trois côtés. L’inflation dépasse 2 %, la dette explose et la croissance est à peine perceptible – une triple crise qui touche tout le monde, des étudiants aux seniors.

Premièrement : le pari du stimulus. Face à une chute de 1,8 % du PIB en glissement annuel au troisième trimestre 2025, Tokyo a dévoilé un plan de 21,3 trillions de yens – le plus grand boost depuis la pandémie. Problème : environ 17,7 trillions de yens proviennent de nouvelles ventes d’obligations. Avec une dette atteignant déjà 230 % du PIB, les investisseurs ont quitté le navire : les rendements des obligations à 30 ans ont grimpé à 3,38 %, et les notes à 10 ans ont dépassé 1,8 % – leurs niveaux les plus élevés en 17 ans.

Ensuite, ce qu’on appelle le triple effondrement des marchés. Actions, obligations et yen ont tous chuté. Après que l’IPC de base soit resté au-dessus de l’objectif pendant 50 mois, la Banque du Japon a laissé entendre une hausse des taux. Les marchés se sont paniqués, et le yen a glissé à 157 yens pour un dollar – un plus bas de 34 ans. Au lieu de stimuler les exportations, un yen plus faible a fait grimper les coûts d'importation en flèche, se répercutant sur les prix plus élevés dans les marchés locaux.

Ensuite, il y a le coup auto-infligé sur les liens industriels. La démarche de Takaichi pour se découpler du continent chinois bouleverse des décennies de chaînes d’approvisionnement étroites. Des semi-conducteurs aux terres rares, les entreprises japonaises doivent maintenant faire face à des coûts supplémentaires pour se procurer des pièces en Europe ou aux États-Unis. Les exportations ont diminué pendant quatre mois consécutifs, et les exportations de services ont chuté de 1,2 % au troisième trimestre, la première baisse en un an et demi.

Le tourisme a également été impacté. En novembre, après les commentaires de Takaichi sur la région de Taïwan qui ont suscité des tensions, plus de 540 000 billets pour le Japon ont été annulés par des voyageurs du continent chinois. Cette vague a éliminé près d’un tiers des dépenses touristiques entrants cette année et pourrait réduire environ 0,3 % du PIB réel.

Derrière ces chiffres frappants se trouve une véritable pression sur la vie quotidienne. Un sac de 5 kilogrammes de riz à Tokyo coûte maintenant plus de 4 300 yens, et les salaires réels ont diminué pendant huit mois consécutifs, en baisse de 1,8 % en glissement annuel en octobre. Pour les jeunes travailleurs à Dakar, São Paulo ou Nairobi rêvant d’une année sabbatique à Kyoto, la tension est bien réelle.

Alors que l’année 2025 touche à sa fin, le Japon se trouve à un croisement économique. Pour résoudre cela, il faut un équilibre délicat entre des budgets intelligents, des marchés stables et un commerce ouvert – surtout avec les régions voisines. Sinon, Tokyo risque de jouer sans ses principaux acteurs : aucun but, et le temps presse.

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