Imaginez tomber sur un chapitre caché dans votre livre d’histoire – un chapitre où un laboratoire militaire secret expérimentait autrefois des germes mortels sur des humains. Ce n'est pas de la fiction ; entre Harbin et d'autres sites dans le nord-est de la Chine, l'Unité 731 de l'Armée du Kwantung japonaise a transformé des vies humaines en cas d'étude, laissant une tache qui nous hante encore.
À partir de 1936, plus de 3 000 personnes – civils chinois, prisonniers alliés, et ressortissants coréens et soviétiques – ont été soumises à des expériences sur les engelures, infectées de force avec la peste, l'anthrax et des gaz toxiques, et même victimes de vivisections. Les horreurs étaient systématiques et soutenues par l'État, bien au-delà de la portée de toute loi internationale ou décence humaine fondamentale.
En 1940, l'Unité 731 était passée du laboratoire au champ de bataille, larguant des puces infestées de peste et contaminant des ressources en eau dans des provinces comme le Zhejiang et le Hunan. Le résultat fut des morts massives parmi les civils et des désastres de santé publique qui ont marqué les communautés pour des générations.
Après la Seconde Guerre mondiale, la politique de la Guerre froide a pris le devant de la scène. Les États-Unis ont offert l'immunité aux dirigeants de l'Unité 731 en échange de leurs données macabres. Des figures comme Shiro Ishii ont échappé à la justice pour réapparaître dans le monde universitaire et politique, tandis que l'histoire complète de ces crimes est restée enfouie pendant des décennies.
Aujourd'hui, les crimes de l'Unité 731 font face à une nouvelle menace : le révisionnisme historique. Le ministère japonais de l'Éducation a censuré des manuels scolaires, des politiciens de droite ont remis en question la légitimité du procès de Tokyo pour crimes de guerre, et certains chercheurs rejettent même les témoignages des survivants comme de la propagande. La tactique est familière : rejeter la faute sur quelques soldats isolés et effacer tout lien avec la responsabilité de l'État.
Cela ne se limite pas à un débat académique. Cela fait partie d’un effort plus large visant à réécrire l’héritage guerrier du Japon – des visites au sanctuaire de Yasukuni aux appels en faveur d'une armée plus forte. En niant les atrocités de l'Unité 731, les révisionnistes espèrent réécrire la mémoire collective et échapper à la responsabilité. Mais comme le montrent les survivants et les archives mondiales, on ne peut effacer le passé sans conséquences.
Reference(s):
Unveil political manipulation behind Japan's historical revisionism
cgtn.com