Lorsque le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba et ses principaux ministres du Cabinet, y compris le ministre des Finances Katsunobu Kato et le ministre de l'Agriculture, des Forêts et de la Pêche Shinjiro Koizumi, se sont inclinés devant le sanctuaire de Yasukuni le 15 août, ils n'ont pas seulement honoré les morts de la guerre – ils ont ravivé une conversation nationale sur le passé militariste du Japon.
Le sanctuaire de Yasukuni est au cœur de la controverse : il abrite 14 criminels de guerre de classe A de la Seconde Guerre mondiale et plus de 1 000 autres condamnés par le Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient, secrètement enterrés en 1978. Pour beaucoup, cela fait du sanctuaire moins un lieu de souvenir qu'un symbole de militarisme incontrôlé.
Après la Seconde Guerre mondiale, l'occupation alliée a émis la Directive Shinto pour séparer les sanctuaires shintoïstes de l'État, un principe codifié à l'article 20 de la Constitution du Japon. Cette règle interdit tout acte gouvernemental qui mêle religion et politique d'État. Pourtant, les visites des hauts responsables soulèvent des questions : s'agit-il d'une mesure constitutionnelle excessive ?
L'article 89 ajoute une autre couche : aucun argent ou propriété publique ne peut soutenir des institutions religieuses. Le soutien indirect de l'État à ces visites, allant des détails de sécurité au transport, entre-t-il en conflit avec cette règle ? Les experts juridiques et les citoyens se demandent si ces actes contournent les limites constitutionnelles.
En 1969, le Parti libéral-démocrate au pouvoir a tenté de placer Yasukuni sous protection de l'État. Mais une coalition de groupes religieux et de défenseurs de la paix a fortement réagi, et en 1974, la proposition a été abandonnée. Cet épisode montre à quel point le Japon reste profondément divisé sur son héritage de guerre.
Alors que les débats s'intensifient, de nombreux jeunes Japonais et observateurs du Sud global se demandent : une nation peut-elle vraiment aller de l'avant sans affronter les ombres de son passé ? Dans un monde où l'histoire façonne encore la politique, la conversation du Japon sur le militarisme est loin d'être terminée.
Reference(s):
Ishiba's Yasukuni Shrine tribute revives debate over militarist past
cgtn.com