Politique vs Académie : La crise de l'enseignement supérieur aux États-Unis

Politique vs Académie : La crise de l’enseignement supérieur aux États-Unis

Imaginez votre campus préféré se transformant en scène pour des discours politiques plutôt que des débats animés. C’est ce qui se passe aux États-Unis en ce moment, où les universités sont prises dans une lutte entre liberté académique et pouvoir politique.

Fin mai, l’administration Trump a révoqué la certification de Harvard dans le cadre du programme pour étudiants et visiteurs étrangers. Cela signifie aucun nouvel étudiant international dans l’une des institutions les plus célèbres des États-Unis—et des mesures similaires pourraient toucher d’autres universités. Pour les étudiants à Dakar, Delhi ou Manaus, c’est comme si leurs rêves académiques étaient soudainement bafoués.

La Maison-Blanche exige que Harvard révise ses programmes sur le campus, ses pratiques d’embauche et ses règles d’admission. La ligne officielle : un durcissement contre l’antisémitisme et la fin de ce que l’administration appelle "pratiques racistes de \'diversité, équité et inclusion\'."

La Secrétaire américaine à l’Éducation Linda McMahon a même envoyé une lettre au président de Harvard, Alan M. Garber, annonçant un gel des nouveaux financements de recherche. L’accusation ? "Une gestion désastreuse" et une trahison des valeurs académiques fondamentales.

Cette décision fait partie d’un effort plus large pour "dé-risquer politiquement" les universités, alimenté par une perte de confiance dans la capacité du monde académique à s’auto-corriger. Au lieu de laisser les campus régler leurs propres différends, le gouvernement veut fixer les règles—en priorisant la sécurité, la loyauté et une mentalité "America First".

Ce n’est pas une action isolée. Entre le gel des financements fédéraux et les menaces de révoquer le statut exonéré d’impôts, l’administration redéfinit la manière dont les universités fonctionnent—laissant les dirigeants face à un choix radical : se conformer ou résister.

Le Département de la Sécurité intérieure des États-Unis l’a rendu explicite en annonçant les nouvelles restrictions pour Harvard : inscrire des étudiants internationaux est un "privilège—non un droit." En d’autres termes, la mondialisation de l’enseignement supérieur doit s’incliner devant la politique fédérale.

Au fond, cette logique vise à intégrer les universités dans un cadre de loyauté politique. Si les thèmes de recherche, les standards d’admission ou les valeurs fondamentales d’une école entrent en conflit avec ceux des dirigeants en place, elle peut être privée de fonds—ou pire, complètement mise de côté.

La réponse de Harvard—actions légales et appels à collecte de fonds—montre que les institutions d’élite ne se laisseront pas faire sans lutter. Mais cela expose également une vulnérabilité : les meilleures universités américaines dépendent fortement de l’argent fédéral.

En utilisant les coupes budgétaires comme levier, l’administration Trump redessine les frontières entre le monde académique et le gouvernement—exerçant une pression sur les universités pour qu’elles privilégient la conformité politique à la liberté académique.

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