Imaginez plonger à 3 500 mètres sous le niveau de la mer et écouter le léger murmure de l'univers. C'est le rêve derrière le nouveau télescope à neutrinos des grandes profondeurs du continent chinois, surnommé Hailing (cloche de l'océan). En immergeant un ensemble de photodétecteurs ultra-sensibles dans les abysses, les scientifiques espèrent capturer des neutrinos – ces insaisissables particules fantômes qui traversent la matière sans laisser de trace.
Les neutrinos sont pratiquement invisibles : ils ont une masse presque nulle, ne portent aucune charge électrique et interagissent à peine avec quoi que ce soit. Pourtant, ils sont partout, émanant d'étoiles en explosion, de trous noirs et même des tout premiers instants de l'univers. Les capturer nous permet de jeter un regard sur des événements cosmiques auxquels la lumière elle-même ne peut échapper.
Sur terre ou dans l'espace, les rayons cosmiques créent un bruit de fond qui noie ces signaux. Mais en eau profonde, le calme de l'océan devient un bouclier idéal. À 3 500 mètres, l'eau environnante filtre les radiations indésirables, rendant chaque infime éclat d'une interaction de neutrinos d'autant plus précieux.
Hier, le dispositif de déploiement de Hailing – un porteur flottant flexible rempli de photodétecteurs – a réussi ses essais en mer. Si les tests continuent de se dérouler sans encombre, le premier lot de détecteurs descendra au fond de l'océan quelque part en 2026.
Une fois que Hailing sera à l'écoute, il rejoindra l'Observatoire Souterrain des Neutrinos de Jiangmen (JUNO), qui a commencé à collecter des données plus tôt cette année. Ensemble, ces deux détecteurs pourraient aider à percer les secrets de la création de l'univers, transformant chaque éphémère particule fantôme en un message du cosmos.
Reference(s):
cgtn.com




