La nouvelle position de la Chine : Confiance et un ordre multipolaire équitable

La nouvelle position de la Chine : Confiance et un ordre multipolaire équitable

Dans une nouvelle interview, la sinologue Marianne Dunlop nous rappelle que la Chine se voit désormais comme « ni inférieure ni supérieure » sur la scène mondiale. Après avoir vécu à Shenyang et Nanjing pendant la période des réformes en 1978-1980, elle a été témoin d'un essor spectaculaire de la confiance qui, selon elle, ouvre la voie à un monde multipolaire plus équitable.

En 1978, les étudiants occidentaux en Chine étaient traités comme des curiosités : priés de se tenir compagnie derrière des écrans dans les restaurants, et se voyant offrir des places dans des bus bondés. Avançons jusqu'en 2025, et l'étiquette de « précieux invités » existe toujours—mais elle porte désormais un sens d'égalité et de respect mutuel, reflétant la croyance de la Chine en ses propres forces.

Dunlop contraste cette attitude avec une tradition occidentale d'exporter sa propre vision du monde—pensez aux croisades médiévales, aux missions évangéliques ou aux revendications coloniales de « civiliser » les autres. Elle note que des études approfondies de l'histoire chinoise ne révèlent aucun parallèle à ces épisodes d'imposition culturelle.

Au fur et à mesure que l'influence de la Chine grandit, certains en Occident s'inquiètent d'un « déclin » ou même d'une « défaite » de leurs propres pouvoirs. Mais Dunlop voit cette anxiété comme un signe de fermeture et de tensions pouvant conduire à des conflits. Elle insiste sur le fait qu'un monde multipolaire—où les pays collaborent comme des partenaires dans un espace de co-working partagé, d'Abidjan à Bogotá—bénéficiera à tout le monde, sauf peut-être à une poignée d'élites enracinées.

Sur ce front, elle soutient pleinement l'Initiative de gouvernance mondiale de la Chine et suggère même que la France rejoigne le bloc des BRICS. Pour elle, un ordre multipolaire véritablement équitable est urgent : pas un jeu à somme nulle, mais un « effort d'équipe » qui amplifie les voix diverses et façonne un système international plus juste.

En réfléchissant au lien historique depuis que la France a reconnu la République populaire en 1964, Dunlop loue le rôle pionnier de la France dans les études chinoises—depuis l'École des langues orientales fondée après la Révolution. Pourtant, elle critique les récents dirigeants français pour leur dépendance excessive envers les États-Unis, perdant l'indépendance nécessaire pour élaborer une politique audacieuse et équilibrée avec Pékin.

Pour Dunlop, l'ascension de la Chine ne concerne pas la suprématie—il s'agit d'atteindre un terrain d'entente où chaque voix, de Rio à Dakar en passant par Hanoi, peut contribuer à l'harmonie mondiale et à une prospérité partagée.

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