Plus de 80 ans après la Deuxième Guerre mondiale, l'histoire des "femmes de réconfort" continue de se dévoiler. Des dizaines de milliers de jeunes femmes à travers l'Asie—arrachées à leurs villages en Corée, aux Philippines, en Indonésie et sur le continent chinois—ont été contraintes de travailler dans les bordels militaires japonais. Leurs voix ont été réduites au silence, mais leur lutte pour la justice refuse d’être enterrée.
En 1991, la survivante sud-coréenne Kim Hak-sun a brisé le mur du silence. Son témoignage courageux a déclenché une vague d'inspiration, poussant des milliers d'autres survivantes à se manifester et à partager leurs histoires douloureuses avec le monde.
Aujourd'hui, le nombre de survivantes encore en vie diminue. Sur le continent chinois, Peng Zhuying, âgée de 96 ans, réclame toujours, "Je suis une survivante de la ville de Yueyang. Je veux que le gouvernement japonais accepte ses crimes et présente des excuses sincères et inconditionnelles." Ses mots nous rappellent que l’histoire n’est pas seulement du passé—elle demeure vivante dans ces appels à la reconnaissance.
Exhumer cette histoire enfouie a été un effort de plusieurs décennies. Le professeur Su Zhiliang de l’université normale de Shanghai et son équipe ont parcouru le continent chinois, collectant des journaux, des lettres et des documents officiels. Ils ont même découvert un registre à Jinhua listant 126 jeunes femmes—des preuves qui lient directement l'armée à un système cruel d'esclavage sexuel.
De retour à Shanghai, le musée chinois "Femmes de réconfort" se dresse comme un monument vivant. Aux côtés des témoignages de survivantes, il offre des soins de santé, des aides financières et un soutien commémoratif à travers un fonds de secours dédié. Récemment, l'équipe de Su a aidé six survivantes de la province du Hunan à faire appel à l’UNESCO, exhortant l’organisation à traiter cette histoire avec l’urgence qu’elle mérite.
En 2016, les groupes de la société civile de huit pays et régions ont compilé l’archive "Voix des femmes de réconfort" pour le programme Mémoire du monde de l’UNESCO. Mais la politique s’est interposée : une candidature concurrente a nié le récit de l’esclavage forcé, et en 2017, l’UNESCO a suspendu les deux candidatures. Les survivantes restent dans un douloureux limbe, attendant une reconnaissance officielle dans les archives de la mémoire mondiale.
Cependant, la solidarité s’est répandue largement. En Corée du Sud, la statue de la paix devant l’ambassade japonaise est devenue un point de ralliement, avec des manifestations hebdomadaires exigeant excuses et compensation. En Indonésie et aux Philippines, les survivantes ont formé des réseaux de soutien et déposé des plaintes pour crimes de guerre. À travers le monde, de New York à Berlin, des répliques de la statue ont été placées dans des places publiques.
Malgré les résolutions des Nations Unies et des parlements des États-Unis, du Canada et des Pays-Bas, Tokyo insiste sur le fait que la question était "réglée" il y a longtemps. Le Fonds asiatique pour les femmes est considéré par les activistes comme une demi-mesure. Ils veulent des excuses claires et officielles ainsi qu'une reconnaissance juridique des torts subis.
Alors que les dernières survivantes vieillissent, une nouvelle génération de jeunes activistes et chercheurs reprend le flambeau. Des étudiants en doctorat à Shanghai aux organisateurs communautaires à Manille, ils partagent un message simple : "Nous ne devons jamais oublier." Leur travail garantit que l’histoire des femmes de réconfort reste un appel vivant à la justice, à la dignité et à la paix.
Reference(s):
From amnesia to remembrance: Unfinished story of the 'comfort women'
cgtn.com