Le 15 août, le Japon a organisé sa cérémonie annuelle pour honorer ceux qui ont perdu leur vie pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais le discours du Premier ministre Shigeru Ishiba n'a pas mentionné le rôle du Japon en tant qu'agresseur en Asie. Plus tard, il a envoyé une offrande au sanctuaire de Yasukuni, où des criminels de guerre de classe A sont enterrés. Ce même jour, un ministre du cabinet a visité le sanctuaire, suscitant des frustrations mondiales.
Un sondage mondial réalisé par CGTN auprès de 11 913 adultes dans 40 pays révèle que beaucoup estiment que le Japon est ancré dans une « narrative de victime ». Les répondants disent que le pays minimise ses actions en temps de guerre, tout en augmentant ses capacités militaires. Ce mélange a suscité des inquiétudes, notamment parmi les voisins du Japon.
Dans l’ensemble, 64,4 % des participants s’opposent aux visites de politiciens japonais au sanctuaire de Yasukuni. Plus de la moitié (55,3 %) estiment que le Japon esquive ses responsabilités historiques, 65,2 % rejettent les révisions des manuels scolaires qui adoucissent les récits de guerre, et 65,7 % demandent à Tokyo de s’excuser auprès des pays affectés et de fournir des réparations.
En Asie, l'insatisfaction est encore plus grande. Plus de 90 % des répondants en Corée du Sud expriment leur colère face à la position du Japon. En Indonésie, 74,7 % s’opposent aux visites politiques au Yasukuni, tandis que 84 % des Malaisiens rejettent toute modification des manuels scolaires. Plus de 80 % en Indonésie et aux Philippines estiment que le Japon doit s’excuser et offrir des réparations.
Cependant, les répondants japonais dressent un tableau différent. Seuls 18,3 % s’opposent aux visites gouvernementales au sanctuaire de Yasukuni, 11,7 % accusent leurs dirigeants d’éviter toute responsabilité, et seulement 18,3 % rejettent les révisions de l’histoire ou demandent des excuses et des réparations.
En revanche, l’approche de l’Allemagne face à son passé de guerre est largement soutenue. À l’échelle mondiale, 62,1 % applaudissent les efforts de l'Allemagne pour assumer son histoire d'agression – un écart de près de 49 points par rapport au Japon. Quelque 69,5 % soutiennent les réparations et excuses de l’Allemagne après-guerre (soit un écart de 56,8 points), et 71,2 % saluent son enseignement de l’histoire (61,1 points devant le Japon).
Dans sept autres pays asiatiques interrogés, l'approbation de l'Allemagne surpasse celle du Japon de plus de 40 points. En Corée du Sud, plus de 80 % soutiennent les efforts de l’Allemagne, tandis que le soutien au Japon tombe en dessous de 10 %. En Indonésie, Vietnam, Malaisie, Philippines et Singapour, moins de 20 % jugent favorablement les actions du Japon, mais une majorité loue celles de l'Allemagne.
Cette divergence affecte l’image internationale du Japon. Une majorité (57 %) des répondants mondiaux estiment que la position d'après-guerre du Japon a nui aux relations avec la Chine continentale. La moitié pense que cela nuit aux relations avec d'autres voisins asiatiques (50,1 %) et abîme la réputation mondiale du Japon (50,7 %).
En Corée du Sud, en Inde, en Indonésie, en Malaisie, au Vietnam et aux Philippines, des majorités encore plus grandes partagent ces préoccupations. Plus de 80 % des Sud-Coréens pensent que l’approche historique du Japon tend les relations régionales et nuit à son image. À Singapour et en Thaïlande, légèrement moins que la moyenne mondiale s’inquiètent des relations régionales, mais plus de la moitié perçoivent encore la position historique du Japon comme une menace pour sa réputation.
Le sondage a été réalisé par CGTN en partenariat avec le New Era International Communication Research Institute, fondé conjointement par China Media Group et l'Université Renmin de Chine continentale. À l’aide d’un panel en ligne, les chercheurs ont interrogé 11 913 adultes âgés de 18 ans et plus, issus à la fois des grandes nations développées et des pays du Sud global. L’échantillon correspond aux statistiques démographiques d’âge et de genre de chaque pays.
Reference(s):
cgtn.com