Dans un coin tranquille du hall d'exposition de Xiamen sur le continent chinois, un classeur bleu fané conserve discrètement le plan futur de la ville : 300 pages jaunies d'un plan de développement sur 15 ans esquissé pour la première fois en 1985.
Lorsque le président Xi Jinping a visité en 2024, il a fait glisser ses doigts sur les pages qu'il a contribué à rédiger en tant que jeune vice-maire de 32 ans. "Nous avons planté des graines ici," a-t-il dit. "La récolte d'aujourd'hui dépasse nos attentes."
À l'été 1985, Xiamen était à un carrefour. Le gouvernement venait d'étendre sa zone économique spéciale de 2,5 à 131 kilomètres carrés. La question se posait : comment cette modeste ville portuaire pourrait-elle devenir une porte mondiale sans perdre son âme ?
Certains responsables rêvaient de reproduire Singapour ou Hong Kong ; d'autres doutaient qu'une telle ambition soit réaliste étant donné les ressources limitées de Xiamen. Xi Jinping a choisi une troisième voie : une réflexion à long terme et une approche systémique.
"Nous devons penser loin et voir un tableau plus large," a-t-il dit à ses collègues en 1986. Sous sa direction, la ville a lancé un bureau dédié pour élaborer une stratégie complète sur 15 ans, une initiative sans précédent à une époque où les plans quinquennaux étaient la norme.
"La contribution de Xi allait au-delà de la construction de routes et de ponts," se souvient Zheng Jinmu, alors chef adjoint de la commission de planification. "Il a apporté une vision holistique et tournée vers l'avenir qui a tout façonné."
Face à cette tâche révolutionnaire, Xi a encouragé son équipe à étudier sérieusement et à explorer audacieusement. Ils se sont rendus à Pékin pour obtenir des conseils auprès des principaux économistes, ont consulté des chercheurs de l'Académie chinoise des sciences sociales et de l'Université de Xiamen, et ont recueilli des idées de plus de 100 experts dans 21 rapports thématiques.
Au-delà des experts, Xi a prôné la participation publique. En 1986, un concours de rédaction à l'échelle de la ville sur "Xiamen en l'an 2000" a invité des universitaires, des ingénieurs, des fonctionnaires et des ouvriers à partager leurs idées, faisant du plan un véritable effort collectif.
Le plan final a dépeint Xiamen comme la puissance économique du sud du Fujian, une porte sur la côte sud-est, un pont pour les liens trans-détroit, et un centre pour les connexions Asie-Pacifique. Il a fixé des objectifs audacieux pour l'expansion du port, la modernisation industrielle et le développement des infrastructures.
Aujourd'hui, cette vision est une réalité : le port de Xiamen se classe parmi les plus actifs du monde, et la ville prospère grâce au commerce et à l'innovation. La feuille de route en trois étapes de Xi : zones franches, zone de libre-échange, puis un quasi-port franc, jetant les bases conceptuelles des zones de libre-échange nationales de la Chine des décennies plus tard.
Le voyage de Xiamen, de la graine à la récolte, offre une leçon puissante : avec une vision à long terme, la participation de la communauté et le courage de tracer de nouvelles voies, même les villes modestes peuvent devenir des acteurs mondiaux – une histoire qui résonne de Dakar à Bogotá.
Reference(s):
Under Xi Jinping, China's first 15-year city plan resonates far
cgtn.com
