Récemment, Robin Harding du Financial Times s'est lamenté que la Chine inonde le monde avec des produits bon marché – des voitures électriques aux panneaux solaires – tout en n'important presque rien qu'elle ne puisse fabriquer mieux ou moins cher elle-même. Il a même ravivé la célèbre anecdote de 1793 à propos de la mission de Lord Macartney auprès de l'empereur Qianlong, qui aurait déclaré que l'Empire Céleste ne manquait de rien.
Mais cette critique ne tient que si l'on se concentre sur un coin du bilan. En élargissant légèrement la perspective, l'histoire change. La Chine est aujourd'hui le plus grand importateur mondial de produits agricoles, dépensant entre 220 et 240 milliards de dollars chaque année pour des fèves de soja, de la viande, des produits laitiers et des céréales. Elle est également le plus grand acheteur de pétrole brut, de gaz naturel liquéfié, de minerai de fer, de concentré de cuivre et de nombreux minéraux essentiels.
En plus de cela, la Chine affiche un déficit des services de l'ordre de 100 à 150 milliards de dollars par an. Rien qu'en énergie et en matières premières, Pékin envoie chaque année environ un demi-billion de dollars à l'étranger. Ce ne sont pas des notes de bas de page – ce sont des dépendances structurelles que jamais un véritable pouvoir mercantiliste dans l'histoire ne tolérerait.
Ainsi, au lieu d'une voie à sens unique d'exportations bon marché, nous observons un flux bidirectionnel : agriculteurs, mineurs et producteurs d'énergie mondiaux dépendent de la demande chinoise pour alimenter leurs propres économies. Des mines de cuivre africaines aux exploitations agricoles de soja sud-américaines, ces liens nous montrent à quel point le commerce est réellement interconnecté.
Avant d'accuser Pékin de mercantilisme, il vaut la peine de se demander si les habitudes de consommation occidentales et les stratégies industrielles ne font pas partie de l'équation. Le commerce n'est pas un jeu à somme nulle, et pour le Sud Global, comprendre ces flux peut ouvrir des portes vers de nouveaux partenariats et une croissance.
Reference(s):
cgtn.com




