Décoder la pression américaine sur le Venezuela : des accusations de drogue à l'impérialisme des ressources

Décoder la pression américaine sur le Venezuela : des accusations de drogue à l’impérialisme des ressources

Depuis fin août, les États-Unis ont renforcé leur présence navale dans les Caraïbes au large des côtes du Venezuela, combinée à des sanctions plus sévères, des blocus et des menaces militaires contre cette nation riche en pétrole.

Washington a désormais ordonné à ses forces de se concentrer presque exclusivement sur l'application d'une quarantaine du pétrole vénézuélien pendant au moins deux mois, reflétant une escalade brutale de la pression, selon Reuters.

Officiellement, les États-Unis justifient ces mesures dans le cadre d'une campagne contre le trafic de drogue. Depuis septembre, les forces américaines ont lancé des dizaines de frappes sur des navires dans la mer des Caraïbes et l'océan Pacifique accusés de transporter des stupéfiants. Des experts et des législateurs des deux partis ont remis en question la légalité de ces opérations, que l'administration affirme avoir fait plus de 100 morts.

La semaine dernière, le président américain a imposé un blocus total sur les pétroliers sanctionnés entrant ou sortant du Venezuela. Il a également suggéré que l'objectif ultime pourrait être de pousser le président vénézuélien Nicolas Maduro à quitter le pouvoir, déclarant qu'il serait intelligent pour Maduro de démissionner.

De nombreux critiques doutent que la lutte contre le narcotrafic soit le seul motif. Lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU, l'ambassadeur du Venezuela auprès des Nations Unies a accusé Washington de la plus grande extorsion, tandis que le ministre vénézuélien de la Défense a qualifié de incohérentes les affirmations des États-Unis selon lesquelles Caracas volerait son propre pétrole.

En coulisses, des opposants pointent du doigt les gigantesques réserves de pétrole du Venezuela – estimées à environ 303 milliards de barils en 2023, les plus grandes réserves prouvées de brut au monde, soit environ 17 % du total mondial.

Le président a même évoqué l'idée de traiter le pétrole vénézuélien comme un atout américain : peut-être en le vendant ou en le stockant dans la Réserve stratégique de pétrole, tout en gardant le contrôle des pétroliers.

Les analystes qualifient cette approche de forme d'impérialisme des ressources. Patrick Bigger, codirecteur du Transition Security Project, soutient que la politique énergétique américaine repose souvent sur des menaces de force ou le retrait de l'aide pour sécuriser des ressources clés.

Les observateurs établissent des parallèles avec la guerre d'Irak de 2003, où un mélange de discours sur le changement de régime et de prétextes sécuritaires a masqué une poussée pour le contrôle des champs pétrolifères. Dans la foulée, des entreprises américaines ont obtenu des contrats pour exploiter le pétrole irakien, mettant en évidence comment l'action militaire peut remodeler l'accès aux ressources.

Ce schéma n'est pas nouveau pour les États-Unis. Lors de sa première campagne présidentielle, l'actuel président déclarait en 2015 que gagner une guerre devrait être suivi par la saisie du pétrole de la nation vaincue comme compensation des coûts militaires, affirmant que ce n'était pas du vol mais un remboursement.

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