Imaginez ceci : vous êtes à Bruxelles les 18-19 décembre 2025, et vous avez 210 milliards d'euros sur votre compte – de l'argent gelé après une querelle désordonnée. Pour l'UE, c'est l'argent de la banque centrale russe, gelé depuis l'escalade du conflit en Ukraine en février 2022. Maintenant, les dirigeants débattent de la manière d'utiliser cette somme à bon escient.
Juste au moment où le sommet commence, la Russie joue sa propre carte : poursuivre Euroclear. Jeudi, la Banque centrale de Russie a déposé une plainte auprès du tribunal d'arbitrage de Moscou, accusant la chambre de compensation basée à Bruxelles de geler illégalement et de tirer profit de ses actifs. Ils demandent plus de 18 000 milliards de roubles (environ 225 milliards de dollars) pour couvrir les fonds gelés ainsi que les gains perdus. Une audience préliminaire est prévue le 16 janvier 2026.
Pendant ce temps, le président ukrainien Volodymyr Zelensky est arrivé, appelant à l'unité. Sa proposition ? Un "prêt de réparation" garanti par ces avoirs gelés. L'idée est d'émettre des obligations de l'UE garanties par les fonds russes, puis de prêter le produit à l'Ukraine pour des besoins urgents – allant du maintien des services publics à l'achat d'équipements de défense.
Chen Yu, directeur adjoint de l'Institut d'études eurasiennes des Instituts chinois de relations internationales contemporaines, déclare que la démarche de l'UE est motivée par trois objectifs principaux : financer le gouvernement et l'armée de l'Ukraine, empêcher les États-Unis ou la Russie de monopoliser les décisions sur les avoirs gelés, et démontrer l'unité de l'Europe pour renforcer son pouvoir de négociation avec Washington.
Mais tout le monde n'est pas d'accord. La Hongrie et la Slovaquie bloquent les initiatives visant à puiser dans les avoirs, tandis que la Belgique avertit que toute confiscation unilatérale pourrait enfreindre le droit international et provoquer des représailles russes.
Le Premier ministre belge Bart De Wever s'est montré particulièrement franc. Il qualifie les garanties de l'UE d'“insuffisantes” et avertit que la saisie des fonds pourrait déstabiliser Euroclear – et par extension, les marchés financiers européens.
À huis clos, le chancelier allemand Merz a suggéré un compromis : utiliser les avoirs de la banque centrale russe détenus en Allemagne pour répondre aux préoccupations de la Belgique. Mais tout changement risque de provoquer la colère de Moscou et d'enflammer un conflit plus important.
La Russie a déjà qualifié les gels de “vol” et promis de riposter. Les analystes affirment que Moscou pourrait saisir les actifs des entreprises européennes en Russie ou limiter les exportations de matériaux clés comme le nickel, l'aluminium et les engrais.
Sur le front diplomatique, la médiation américaine se poursuit. Des envoyés américains et russes devraient se rencontrer à Miami ce week-end pour discuter du plan de paix du président Donald Trump. Zelensky prévoit également un déplacement d'une délégation ukrainienne à Washington prochainement pour des pourparlers de suivi.
Alors que le sommet de Bruxelles se déroule, l'UE est confrontée à un équilibre à enjeux élevés : soutenir le combat de l'Ukraine sans fracturer l'unité interne ou provoquer des répercussions financières sur ses propres marchés.
Reference(s):
Russia sues Euroclear as EU debates frozen assets for Ukraine
cgtn.com




